Pour la troisième année consécutive, cet été, j’ai marché 5 semaines à travers la France, en suivant les chemins balisés de coquilles Saint Jacques qui m’ont conduite de Cologne jusqu’à Puente la Reina (Navarre) en passant les Pyrénées par le mythique col de Roncevaux. Au total, près de 3000 km, à un rythme allant de 5 à 35 km par jour, au gré des rencontres et de mes envies…

Mais pourquoi ce chemin ? Qu’y cherche-t-on ? Qu’en ramène-t-on ? Tentative de réponse d’une modeste pèlerine…

Ce que je recherche sur ce chemin…

– La liberté totale : avec un sac de 6 kilos sur le dos, mes sandales et mes bâtons, je suis libre d’aller où je veux, de m’arrêter quand je veux, et même de passer la nuit à la belle étoile si l’envie m’en prend ou si je trouve en endroit de rêves… Je suis seule, personne ne m’attend, je n’ai plus aucune contrainte, aucune obligation.

– J’aime l’aventure et ce sentiment grisant que chaque jour va m’apporter plein de surprises, que chaque nouveau pas me mène en terre inconnue, que je ne sais pas où je logerai ni qui je rencontrerai aujourd’hui.

– J’aime aussi le sentiment de paix intérieure qu’apporte le rythme lent de la marche et le silence de la solitude. En l’absence de sollicitations de toutes sortes (plus de téléphone, ni Internet, ni moteurs de voitures,…), en pleine nature du matin jusqu’au soir, je peux laisser mes pensées vagabonder où bon leur semble. Un vrai luxe !

Ce que le Chemin m’a appris…

– D’abord, à me débarrasser de mes peurs : la peur de l’inconnu, la peur de manquer, la peur de la nuit (eh oui, la première nuit seule au fond des bois, on ne rigole pas !!!), la peur de la douleur, la peur de l’autre… Ce sont ces peurs qui nous bloquent et nous empêchent d’avancer…

– J’ai dû apprendre à écouter très attentivement mon corps, car je marche avec deux genoux très fragiles (les médecins m’avaient tous prédit un retour après 3 jours, voire même interdit de partir « avec ce que vous avez »). Ce n’est pas facile d’accepter ses limites, mais les nombreuses pauses, les bains dans les rivières pour refroidir les articulations, cela a aussi du bon…

– J’ai appris à dire OUI, à accepter sans gêne le café ou le repas offert, à être attentive aux petits signes du destin, à ne jamais fermer la porte aux rencontres…

– J’ai appris à accepter la vie comme elle vient, avec ses imprévus, ses surprises et ses épreuves. J’essaie de positiver les petits tracas, sans lutter inutilement. Exemple : Internet est tombé en panne ce matin. Plutôt que de m’énerver toute la journée, j’ai pris congé et suis allée marcher ! Et grâce à cette panne, je passerai le reste de la semaine en co-working plutôt que de rester chez moi. Rien que du positif, donc !

– J’apprends à prendre mon temps. Cet été, j’ai lu « L’Eloge de la lenteur » tout en découvrant le plaisir de ce voyage de 5 semaines à 4 km/heure. Dans ma vie de tous les jours, j’essaie de bannir le mot « vite » (pas facile avec 3 enfants !), de prendre le train plutôt que la voiture, de marcher une fois par semaine, de faire la cuisine (si vous avez des recettes pour une grande débutante, je suis preneuse !). Résultat : je me sens mieux avec ma famille, plus productive dans mon travail et beaucoup plus créative.

Ce qui m’a marquée…

– A Sault-de-Navailles, je cherchais un logement pour la nuit. Dans ma poche, un numéro de téléphone copié dans un gîte. J’appelle Marie, qui est à l’autre bout de la France, mais qui me prête sans hésiter sa maison : « les clés sont sous la poubelle jaune et il y a des provisions dans les placards ». Selon elle, la confiance ne peut apporter que du bon. Quelle belle leçon…

– Des personnes (en Belgique et sur le Chemin) m’ont confié des intentions de prières. Je les ai portées dans mon sac et relues chaque fois que je trouvais une petite chapelle ou un bel endroit en pleine Nature. Je crois beaucoup dans la force de la prière (ou des « pensées positives » en termes plus laïques).

– La générosité spontanée des gens. Combien de fois ne m’a-t-on pas offert un « ptit ballon d’rosé » bien frais au milieu de la matinée (dur dur mais j’assume, j’apprends à dire OUI !), invitée à partager un barbecue familial et même à me joindre à un banquet de mariage !

Tout cela me fait croire que l’Etre humain est profondément bon. Il suffit de regarder l’autre avec bienveillance, sans peur, sans carapace. Comme le disent les Asiatiques : « si tu regardes ton prochain en lui souriant, cela ne peut créer que du bien ».

Partagez cet article !
Cet article vous a plu ? Partagez-le sur Facebook ou sur Twitter ou laissez-moi un commentaire !