Au soir de ma deuxième étape à vélo vers Tours, je suis passée devant l’ermitage de la Fagne, un endroit à l’écart de tout, situé entre Rance et Chimay. Là, au milieu de la forêt, vit une communauté de religieuses, les petites soeurs du Désert. En leur demandant l’hospitalité, je n’avais aucune idée de l’expérience forte que représenterait cette nuit en « ermite » au fond des bois.

Retraite en silence chez les petites soeurs du désert

Au « désert », chaque soeur occupe en solitaire un minuscule chalet de bois. La communauté se retrouve une fois par jour pour l’eucharistie et pour quelques tâches communes. L’essentiel de la journée des religieuses se passe dans la prière silencieuse.

Les soeurs accueillent des retraitants de tous courants philosophiques. Ces « pèlerins » (que je prends d’abord pour des fous !) désirent passer quelques jours, parfois une semaine complète, dans le silence total et dans la solitude de leur chalet (il n’y a même pas de réseau GSM dans le bois de Rance !).

Avec beaucoup de gentillesse, on m’installe moi aussi dans un chalet, avec un bon feu et un panier rempli de victuailles pour la soirée et le lendemain matin. Et puis… plus rien ! J’ai furieusement envie de frapper à la porte du chalet voisin pour partager mon repas avec le « pèlerin » d’à côté !!!

Petit à petit, je découvre le plaisir de déballer lentement mes affaires, de me laver lentement dans un petit bassin, de réchauffer et savourer lentement mon bol de soupe, de laver lentement ma vaisselle. Dans cette lenteur, les pensées s’apaisent et font place à une paix intérieure, à une ouverture à la réflexion profonde, à la méditation, au contact avec le sacré…

Retraite en silence chez les petites soeurs du désert

Je me remémore les paroles de Sylvain Tesson, un aventurier qui, après de nombreux voyages à pied et à vélo, s’est enfermé 6 mois dans une cabane en Sibérie.

« L’homme libre possède le temps (…) En ville, les minutes, les heures, les années nous échappent. Elles coulent de la plaie du temps blessé. Dans la cabane, le temps se calme. Il se couche à vos pieds en vieux chien gentil et, soudain, on ne sait même plus qu’il est là. Je suis libre parce que mes jours le sont. »

Retraite en silence chez les petites soeurs du désert

Après le repas, Soeur Elie-Emmanuelle, la responsable de la communauté, vient parler avec moi. Elle est sincèrement heureuse de son choix de vie. « La solitude, ce n’est pas l’isolement », m’explique-t-elle. Ses paroles de sagesse sont autant de sujets de réflexion pour la nuit et pour la suite de mon voyage. Je me plonge dans un ouvrage consacré à la spiritualité du désert, avant de m’endormir dans un silence de paix, une solitude habitée, où toutes mes craintes se sont envolées.

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