Premier jour sur le chemin : l’écran tactile de mon smartphone refuse catégoriquement de répondre à mes sollicitations. Plus possible de communiquer, ni de prendre des photos, ni de publier sur ma page Facebook. Horreur, enfer, damnation… ou petit signe divin ? Après 5 minutes de désarroi, je réfléchis à la place que cet appareil connecté a pris sur mon chemin.

Les photos ?

Quand je prends une photo, ne suis-je pas en train de me projeter dans la future publication sur ma page ? Est-ce que je regarde vraiment avec mes yeux ?

Alternative : si je dessinais des croquis des lieux que j’aime, pour les regarder longuement, avec mon cœur ?

Les souvenirs ?

J’aimerais quand même garder des souvenirs de mon chemin…

Solution : il arrive souvent sur d’autres pèlerins me prennent en photo. Je leur donne mon adresse e-mail, ce qui, outre la joie de recevoir une photo, me permet de garder le contact après le chemin. J’ai reçu des dizaines de photos suite à cette demande…

Sans téléphone sur le chemin

La page Facebook

Je me suis beaucoup investie dans la création d’une page sur Facebook et dans son actualisation régulière, tout au long de l’année.

Grâce à cette page, j’ai pu partager la joie du chemin au quotidien, recevoir des encouragements quand j’en avais besoin, rencontrer des amis, mettre des pèlerins en contact…

Pourtant, ce mode de communication n’a pas que des atouts :

  • Facebook est un média très éphémère, les publications y apparaissent (ou pas) selon un algorithme obscur et leur durée de vie (de vue) ne dépasse pas 24 heures
  • Les publications depuis le chemin sont noyées dans un flot d’infos personnelles, publicitaires, polémiques
  • Ce type de média privilégie l’image comique ou sensationnelle, pas le long texte de réflexion. Les photos de nourriture reçoivent plus de « j’aime » qu’une chapelle ou qu’une prière…
  • Facebook renforce un côté narcissique, voire exhibitionniste, qui privilégie l’ego. J’ai pris conscience de cela lorsque quelqu’un m’a appelée « Madame Free Hugs ». La « starification » n’est-elle pas à l’opposé d’une démarche de pèlerinage ? Il m’a fallu quelques années et une bonne claque pour m’en rendre compte…
  • La vérité est facile à transformer sur Facebook, où un seul cliché instantané raconte l’histoire… que l’on veut. Qui se cache réellement de l’autre côté du miroir ? Quelle est la part de vérité dans les publications ? Je réalise que j’ai montré un côté positif, sympathique de moi, conforme à ce que les fans attendaient. Mais pas mon vrai visage…
  • Les « fans » de la page ne sont pas vos amis, du moins pas tous, même très peu en fait. Les « fans » sont contents de voir vos photos, qui leur rappellent leur propre chemin. Si vous ne publiez rien, ils auront d’autres photos, sur d’autres groupes ou pages. Si vous publiez quelque chose qui leur déplaît, ils se déchaîneront contre vous avec autant de haine qu’ils ont été capable d' »amour » la veille.

Solutions :

  • écrire des lettres (papier, oui oui !) aux amis dont on aura pris soin d’emporter les adresses
  • tenir un carnet de bord chaque jour
  • noter ses réflexions en vue de rédiger un blog ou un livre (pourquoi pas ?) à son retour
  • comme Luc, donner des nouvelles à une personne ressource qui mettra à jour un blog à votre place
  • comme Olivier ou Véronique, tenir une page Facebook mais n’y passer que 15 minutes par jour à l’arrivée et publier en restant toujours en accord avec les valeurs de son chemin (ex : humilité, spiritualité, joie, liberté de penser autrement, contestation, militantisme,…).

Sans téléphone sur le chemin Sans téléphone sur le chemin

Suivre l’actualité

Hélas la FOMO (Fear of Missing Out, peur de manquer quelque chose) fait des ravages, même chez les pèlerins. Quand je regardais par-dessus les épaules penchées vers leur écran, force était de constater que la plupart des gens lisaient leur fil d’actualité sur Facebook ou leur site d’info préféré.

Solution : décrocher, décrocher au plus vite… les nouvelles très graves « percoleront » malgré tout sur le chemin. Les autres nouvelles… on s’en passe à merveille !

Sans smartphone sur le chemin ?

Suivre d’autres pèlerins sur les réseaux sociaux

C’est vrai que j’ai regretté de ne pas suivre le chemin de Véronique, vers Assise, ou celui d’Emmanu’ailes sur le GR65. Nous marchions en même temps, en communion d’âme. Mais j’ai pu suivre les chemins des pèlerins assis à côté de moi au café… du moins ceux qui n’étaient pas trop occupés pour faire un brin de conversation !

Rester disponible pour son patron, ses clients

No comment…

Réserver ses hébergements

Ceux qui me connaissent savent que je ne réserve JAMAIS un hébergement sur le chemin, pas question pour moi de fermer la porte à la Providence ou de me sentir obligée de loger dans un lieu qui, au final, ne me « revient » pas.  La course aux auberges et les peurs véhiculées par les pèlerins au sujet des logements mérite à elle seule un article… que j’écrirai un jour, peut-être.

Le téléphone sur le camino Le téléphone sur le camino

Rassurer ses proches

Le plus ennuyeux avec la panne de mon téléphone, c’est que je n’avais plus la possibilité de donner des nouvelles à ma famille. Ceci dit, ma famille ne vit pas dans la peur non plus, et un ou deux contacts par semaine sont bien suffisants. Car en cas de « gros pépin » sur le chemin, mon mari resté en Belgique serait bien en peine de m’aider, de toutes façons !

Solution : il y a de moins en moins de cabines téléphoniques en France et en Espagne. Il faudra donc acheter un simple téléphone à touches avec un forfait ou une carte et convenir d’une heure pour un SMS quotidien ou d’un jour d’appel (ex : le dimanche matin). Et bien sûr couper le téléphone le reste du temps (ce n’est pas bon les ondes de GSM). Ou appeler depuis les bars, comme dans l’ancien temps !

Conclusion

Après avoir ainsi fait le deuil de mon smartphone et de ma page Facebook, après avoir écrit des lettres à mes amis, dessiné un croquis d’une belle église en méditant, rédigé des tartines dans mon carnet et donné mon e-mail aux pèlerins qui me prenaient en photo… quelqu’un a réparé mon téléphone ! Mais comme il se fait vieux et que la batterie n’a presque pas d’autonomie, j’ai toutefois pu mettre en pratique toutes les bonnes résolutions ci-dessus !

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