Au départ de Yenne, j’ai une très très mauvaise idée : plutôt que de suivre le GR (dont je redoute les dénivelés), je gagne à nouveau le Rhône en traversant les très dangereuses Groges de la Balme.

 

Je pars avant 6 heures pour éviter le trafic, car il n’y a pas le moindre trottoir le long de cette nationale très fréquentée.

 

Une fois au bord du Rhône, c’est à nouveau le chemin de halage, monotone et caillouteux, et sans la moindre ombre, ce qui, en ce jour de canicule, est vraiment très pénible.

Je me trompe plusieurs fois, devant faire demi-tour et rajoutant des kilomètres inutiles. Il fait de plus en plus chaud et je n’ai rien à manger.

A la limite de l’explosion, j’atteins enfin le village de Champagneux où je tombe pile sur une boulangerie… ouverte ! La boulangère, Odette, est adorable et ne sait que faire pour me réconforter.

Elle m’offre un coin d’ombre dans son jardin, un café, un gâteau… et me permet de me reposer quelques heures sous son parasol. Je reprends peu à peu des forces, maudissant mon manque de confiance en moi. Pourquoi n’ai-je pas simplement pris la variante au GR, qui suit des petites routes dans une belle montagne, au lieu de faire tous ces kilomètres inutiles « en bas »…

Réconfortée par la gentillesse d’Odette, je grimpe à l’église de Champagneux. Enfin une vue un peu plus large que le Rhône et ses berges. J’ai vraiment besoin de prendre de la hauteur, de ne plus être « une pèlerine d’en bas ». Je décide de grimper la route vers Gresin pour rejoindre le GR. Finalement, j’arrive sans trop de mal sur le plateau, où la vue porte vers les Alpes : le massif de la Chartreuse, l’Arcluzaz,…

 

On m’a beaucoup parlé du refuge de Louis Revel, à Saint Maurice de Rhoterens. Je pourrais partir à droite vers Saint Genix, mais je décide de « remonter » le GR pour ne pas manquer cette étape mythique.

A Gresin, un très gentil Monsieur me prend en stop et m’amène devant la porte du refuge. J’avoue que ce petit coup de pouce n’est pas de refus, surtout qu’il m’évite un gros dénivelé.

 

Joie en arrivant au Vernay (c’est le nom du refuge), je retrouve Damaris qui est vraiment surprise de me voir ! Et l’accueil de Louis n’est pas légendaire pour rien : toute sa vie, il a oeuvré pour construire un lieu d’accueil et de recueillement au Vernay, et il y accueille non seulement des pèlerins de Saint Jacques, mais aussi d’Assise (les deux chemins se croisent ici).

Louis nous permet de visiter son « musée » composé de milliers de cartes reçues de pèlerins passés par ici. Puis nous nous retrouvons dans sa chapelle pour un très beau moment de recueillement.

 

Me voici à nouveau pleine d’espoir, grâce aux cadeaux reçus aujourd’hui : l’accueil, les encouragements, les paysages magnifiques dès que j’ose me faire confiance. Et ce beau vitrail du prophète Elie me touche beaucoup, tout comme la gentillesse de Louis.

[Mise à jour le 27 janvier 2014 : Une bien triste nouvelle : Louis Revel, qui tenait avec passion le gîte Le Vernay (Saint-Maurice-de-Rotherens) sur la Voie de Genève au Puy, est décédé ce 10 janvier. C’est pour le chemin une grosse perte mais il restera de lui de très beaux souvenirs.]

Etape suivante : Saint Maurice de Rhoterens – Les Abrets