J’ai le plaisir de partager avec vous cette interview de la journaliste Sophie Delhalle parue dans le journal Dimanche en juin 2020.

Pour se mettre en route, ce n’est pas tant la condition physique qui importe, mais plutôt la préparation mentale. Préparer son âme et son esprit à entrer en mouvement et surtout à se détacher. Sylvie Francotte et Jasmine Debels nous font profiter de leur expérience de pèlerines accomplies.

Pour envisager un départ et vivre l’instant présent, il est primordial de libérer sa tête. C’est en tout cas la ferme conviction de Sylvie. Après avoir réalisé le pèlerinage vers Saint-Jacques de Compostelle, elle continue de pérégriner chez nous. Pour elle, la route est une voie de transformation. Il ne s’agit donc pas seulement de marcher, mais de cheminer intérieurement.

Dans le cheminement en lui-même, il y a trois phases, nous explique-t-elle, qui touche le corps, le cœur et l’âme.

Ralentir

La première étape consiste bien évidemment à se mettre en marche et oser faire le premier pas. C’est le temps des premiers bobos, des cloches, du mal de dos, même si, selon Sylvie, ces petits maux sont des signaux envoyés par notre corps pour nous inviter à ralentir. « Si on marche à son rythme, on n’a pas de petits bobos », nous assure-t-elle. Ecouter son corps est donc essentiel, c’est pourquoi Sylvie préfère la marche solitaire qui nous invite aussi à ralentir nos pensées, « nous avons beaucoup de difficultés à abandonner le rythme effréné de la vie active, à arrêter notre moulin à pensées ».

Les trois premiers jours de marche correspondent donc généralement à la phase du corps, « on dit que le troisième jour est le plus difficile »; trois jours donc pour apprendre à ralentir corps et esprit.

Ensuite, c’est notre cœur qui entre en jeu, il est désormais plus à vif, « on passe du rire aux larmes face à la beauté qui nous environne. On arrive au cœur de ce qu’on veut vivre en fait », raconte Sylvie.

Et puis, dans la dernière étape, celle de l’âme, « on commence à obtenir les réponses à nos questions ». C’est une phase de libération, de quête spirituelle où la lecture des signes devient accessible, et conduit parfois à vivre une vraie conversion.

Se laisser conduire

Le chemin est aussi un temps pour se dépouiller; comme un oignon, le pèlerin doit peler, c’est-à-dire enlever ses couches au fil de la route, pour arriver à la transparence du message qu’il est venu chercher. Et pour vivre cela, il faut être seul(e) ou bien accompagné(e) pour être au diapason, à l’écoute de ce que l’autre vit.

Si par définition le marcheur marche, il s’arrête aussi; l’objectif d’un pèlerin ne doit pas être de « faire une étape » mais de se laisser conduire par le chemin. « Avoir un cap, c’est bien, mais il faut aussi se laisser beaucoup de liberté dans le parcours. » Car cheminer, c’est aussi rencontrer et se laisser surprendre, s’ouvrir à l’inattendu. Une expérience à la portée de tous, dès que l’on accepte de lâcher prise. Le chemin peut alors devenir chemin de guérison, et ce fut le cas pour Sylvie, mais aussi pour Jasmine (lire ci-dessous).

Libérer sa tête, aller à son rythme, se laisser guider, tels sont les trois précieux conseils de Sylvie pour apprécier la route.Libérer sa tête, aller à son rythme, se laisser guider, tels sont les trois précieux conseils de Sylvie pour apprécier la route.

Derniers conseils

Il est important de choisir un chemin de pèlerinage ancien qui conduit vers un sanctuaire ou un lieu symbolique. « Les chemins ne sont pas là par hasard, ils ont toujours été des instruments thérapeutiques créés par l’homme », explique Sylvie.

Que prendre avec soi? Le moins possible! Le sac à dos ne doit contenir que le strict nécessaire pour une journée, « les au cas où, on les laisse à la maison, sauf peut-être la cape de pluie », conseille la pélerine namuroise. Pas trop de vêtements non plus, pas de livres mais par contre un carnet de bord pour écrire, dessiner peut s’avérer très utile. Prévoir surtout une bonne quantité d’eau, se munir d’un (ou deux) bâton(s) de pèlerin pour s’équilibrer, corps et esprit, et chausser sandales, baskets ou bottines confortables. « Le chemin donne tout le reste ».

L’enjeu est donc le suivant: se faire léger dans le sac et dans la tête! « Le poids du sac, c’est le poids de nos peurs : peur d’avoir froid, faim, peur de s’ennuyer… Cheminer, c’est s’alléger matériellement et psychologiquement, et donc ne pas emporter ses peurs avec soi. » Le sac symbolise en soi tout ce qu’il nous faut lâcher pour vraiment partir libre. Avant le départ, veillez bien sûr à vous munir d’un topo-guide de la région et/ou à télécharger les cartes topographiques sur votre smartphone. Il existe aussi des applis GPS gratuites et qui fonctionnent sans réseau. Si la technologie est une aide précieuse, saisissez toutefois cette occasion pour faire une vraie cure de détox digitale. Vous découvrirez aussi que demander son chemin aux personnes rencontrées est finalement la meilleure option.

Pour connaître tous les conseils de Sylvie et la suivre dans ses pérégrinations, retrouvez-la sur son blog et sa page FaceBook RadioCamino.

Sophie DELHALLE

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dimanche-21_juin-2020

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