Le Pèlerin qui part à Compostelle ou qui se lance dans une longue marche est bien souvent en quête de réponses à des questions existentielles profondes. Peut-être cherche-t-il à mieux se connaître, à vivre à un changement de vie, un deuil, un pardon, à abandonner une addiction, à se rapprocher de Dieu,… Sur le chemin, chaque Pèlerin part avec son mystère, et la question à ne jamais poser à un pèlerin, c’est : « pourquoi fais-tu le chemin? ».

Aujourd’hui, j’avais envie de partager avec vous une réflexion sur l’importance de découper son chemin en 5 étapes symboliques, 5 étapes qui vont permettre de vivre une réelle transformation intérieure.

Les étapes en question, vous l’avez compris, elles n’ont rien à voir avec les étapes d’un topo-guide ! Il s’agit :

  • d’abord du premier pas symbolique sur le chemin,
  • ensuite du cheminement à proprement parler,
  • puis de l’arrivée au sanctuaire, au lieu que l’on a choisi comme but.

Ensuite il y a encore deux étapes importantes :

  • le chemin vers ce que l’on va appeler « le Finistère »
  • et enfin le chemin du retour, vers la maison.

Bien entendu, vous n’êtes pas obligé de partir 6 mois pour vivre toutes ces étapes. Il s’agit d’étapes symboliques.

Vous pouvez vivre une transformation sur un chemin d’une semaine, et aucune transformation en marchant 3 mois. Cela dépend de vous. Et puis, ce cheminement ne s’applique pas uniquement à Compostelle, bien au contraire. Quelque soit le but que vous avez choisi pour votre pèlerinage, vous allez pouvoir appliquer ce découpage en 5 étapes.

1) Le premier pas symbolique

La première étape, c’est le premier pas symbolique. Ce premier pas c’est de faire un geste, quelque chose, qui va concrétiser le fait que vous vous mettez en chemin. Cela peut être, par exemple, le fait de vous inscrire à une association jacquaire, d’acheter vos bottines, de participer à un pot du pèlerin, de commencer un blog…

Ce qui est important, c’est de faire ce premier pas et de vous engager avec vous-même pour aller jusqu’au bout de votre démarche.

La période qui va suivre ce premier pas jusqu’au vrai départ va être assez inconfortable. C’est souvent une période où l’on a beaucoup de peurs. On va s’informer à gauche à droite, et on a encore plus peur. Sans compter nos proches, qui vont aussi projeter leurs peurs sur nous.

Ce qui est important pendant cette période, c’est d’accueillir nos peurs. Les refouler, c’est dangereux, car elles pourraient bien rejaillir autrement. Je connais des pèlerins qui se sont tordu la cheville la veille de leur départ. Mais n’ayez pas peur, car toutes ces peurs, elles vont s’envoler le jour où vous partirez.

2) Le cheminement

La deuxième étape symbolique, c’est celle qui est la plus connue, c’est le cheminement. Ce cheminement, il commence si possible sur le pas de votre porte et il va aller jusqu’au sanctuaire.

Ce qui est important, c’est de choisir un but qui a une réelle valeur symbolique pour vous. Certains sanctuairse ont un véritable pouvoir d’attraction. Je pense à Compostelle, mais aussi à Vézelay, au Mont-Saint-Michel, au Puy en Velay, au Mont Sainte-Odile,…. N’hésitez pas à choisir un lieu qui va vous attirer et vous guider tout au long de votre chemin.
Dans cette deuxième étape, celle du cheminement, on va retrouver trois phases :

La première phase, c’est la phase du corps, celle où on va commencer à avoir quelques soucis physiques, des ampoules, des douleurs musculaires,… tout cela, c’est simplement le corps qui nous dit de ralentir. Je vous promets que si vous parvenez à marcher dans votre rythme à vous, vous n’aurez aucun problème physique.

La première phase, c’est également le moment où on doit ralentir le petit hamster qui tourne en permanence dans notre tête. Essayer d’arrêter ces pensées permanente qui viennent nous empêcher de profiter de notre chemin.

Après cette première phase du corps, il y a la phase du cœur. On va être dans un état émotionnel assez intense : on va pleurer, on va rire, et c’est très bien car c’est le signe que l’on est en train de se transformer, d’enlever quelques couches, pour arriver à la troisième phase qui est la phase de l’âme.

C’est le moment où l’on est vraiment réceptif et où on va recevoir des réponses aux questions que l’on se posait avant de partir, des messages, et peut-être même une révélation.

3) L’arrivée au sanctuaire

La troisième étape symbolique du cheminement, c’est l’arrivée au sanctuaire, au but que vous avez choisi. Avant d’arriver, il y a tout un rituel à effectuer : les pèlerins du Moyen Âge se lavaient, se purifiaient dans la rivière juste avant le sanctuaire. Vous verrez d’ailleurs la rivière de Lavacolla juste avant Compostelle et le Prés des Pèlerin avec son lavoir juste avant Vézelay, ce n’est pas par hasard. Nettoyez-vous de ce tout ce que vous devez encore laisser sur le chemin, enfilez vos plus beaux vêtements pour arriver tout frais, tout neuf au sanctuaire.

Approchez lentement, en tournant tout autour du sanctuaire, comme à Rocamadour où vous pouvez monter par circonvolutions jusqu’au sommet du rocher.

Une fois que vous êtes arrivé au sanctuaire, surtout prenez du temps.

Le plus important, à ce moment-là, c’est de rendre grâce d’être arrivé. Rendre grâce a votre guide spirituel et rendre grâce a toutes les personnes qui vous ont accompagné sur le chemin. L’arrivée au sanctuaire, c’est aussi le temps des cartes postales.

Ne pas se précipiter dans un train ou vers le Finistère fait aussi partie de l’arrivée. Après la joie de l’arrivée, il faut aussi accepter une certaine tristesse car le chemin est bientôt fini. C’est à l’arrivée que commence le deuil du chemin.

4) Le chemin du Finistère

La quatrième étape symbolique, c’est la marche vers le Finistère. Le Finistère, c’est au bord de l’océan atlantique, 100 km après Compostelle, mais chaque chemin peut également comporter un Finistère symbolique : si vous arrivez à Vézelay, continuez jusque Bourges. Si vous arrivez au Puy-en-Velay, marchez jusque Conques.

Le Finistère, c’est un moment où vous allez réellement accepter que le chemin est fini. Au Finistère, on ne va pas plus loin. C’est un moment qui est parfois difficile. Personnellement, j’ai beaucoup souffert sur le chemin du Finistère car il n’était pas aisé d’accepter la fin de mon beau chemin.

5) Le chemin du retour

Une fois que vous êtes arrivé au Finistère, il reste une étape très importante, souvent négligée par les pèlerins des temps modernes. C’est de faire le chemin dans le sens du retour.

Bien entendu, si pour des raisons pratiques, vous ne pouvez pas marcher jusque chez vous, octroyez-vous encore un temps pour marcher dans l’autre sens, un temps où vous vous allez intégrer toutes les leçons du chemin, tous les messages, et concrètement décider ce que vous allez faire du chemin dans votre vie une fois que vous serez rentré à la maison.

Vous l’avez compris, le Chemin ne se limite pas à enfiler ses chaussures et à marcher, c’est toute une démarche. Je vous invite donc à réfléchir au moyen d’intégrer ces cinq étapes, ces cinq temps symboliques, dans votre prochain chemin, que vous partiez une semaine ou plusieurs mois.

Vous verrez que vous en tirerez énormément de bénéfices et j’espère que le chemin opérera une transformation profonde dans votre vie, c’est ce que je vous souhaite du fond du coeur.

Bon cheminement sur votre chemin de vie !

Sylvie la Pèlerine

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