Pendant 3 mois et demi, de mi-septembre au solstice d’hiver 2023, j’ai littéralement plongé dans les ténèbres les plus sombres. Une profonde tristesse qui m’écrasait la poitrine en permanence, des angoisses jour et nuit, une fatigue physique et intellectuelle, une perte de toute joie, de toute envie, de tout projet, une incapacité à travailler, des doutes sur mes compétences, des peurs au niveau financier,…

Tout cela, je l’ai d’abord caché, même à mon entourage le plus proche. J’avais tellement honte d’être faible, amorphe, incapable de bouger de mon canapé où je végétais, enroulée dans un plaid, parfois incapable d’aller voir mes poules au bout du jardin alors que j’avais été jusque Budapest à vélo un mois auparavant !

Plus je culpabilisais d’aller mal, d’être une mauvaise mère, de perdre de précieuses heures de ma vie, plus j’allais mal…

Cela a duré 6 semaines, 6 semaines d’isolement total et de ruminations. Les clients ont déserté, et tant mieux, je n’étais pas capable de faire le moindre effort, ni intellectuel, ni personnel.

Et puis un jour, en revenant d’un petit tour dans le bois à côté de chez moi, j’ai croisé le curé de mon village. Il m’a regardée dans les yeux (ou dans l’âme ?) et m’a demandé : « Comment allez-vous ? ». J’ai éclaté en gros sanglots. C’est la première fois de ma vie que j’osais prononcer le mot « dépression » en parlant de moi.

J’ai décidé d’accepter mon état et de me faire aider par une psychologue qui m’a suivie semaine après semaine. J’ai trouvé l’énergie de rassembler quelques femmes de confiance autour de moi, à qui j’ai partagé mon état. Et puis il y a eu ma voisine, mon ange gardien, qui est venue m’apporter à manger pour moi et ma fille. L’air de rien, elle avait soudain plein de restes de bons repas, encore chauds, qu’elle me passait par la fenêtre du salon.

La question qui continuait à tourner en boucle dans mon cerveau pourtant englué dans le cambouis était : « Mais pourquoi, quelle est la cause de cet état de destruction totale à l’intérieur de moi, alors que tout va bien à l’extérieur ??? ». Je culpabilisais à mort en pensant aux guerres, aux personnes dans le besoin, aux réfugiés,… et moi qui me payait le « luxe » d’une dépression, « pauvre petite fille riche ».

J’ai décidé d’arrêter de me torturer les méninges et de ne plus chercher à comprendre le « Pourquoi », mais plutôt ce que cette crise venait m’enseigner. Tout de suite, je me suis sentie apaisée.

Je voulais me battre contre cette dépression, vaincre ces démons, juguler les angoisses en me forçant (!) à méditer, remonter mon taux de cortisol en m’infligeant des douches froides (!!), me donner des coups de pied au derrière, et j’en passe, et des meilleures…

Jusqu’au jour où j’ai compris qu’il fallait arrêter ce combat contre moi-même, contre ma douleur, exactement comme lorsque j’accouchais… Accueillir la contraction, lui dire OUI, la laisser me submerger, pour ensuite la regarder passer et s’éloigner… C’est exactement ce que j’ai fait avec la douleur qui me broyait le coeur en permanence : je lui au dit un grand OUI ! Et comme une contraction, elle est passée et je l’ai vue s’éloigner…

Laurence, ma psychologue, m’a aidée à descendre au fond, tout au fond du trou, en étant à mes côtés. C’est seulement en bas de ce trou que j’ai pu donner un coup de pied et remonter la pente, tout en douceur…

C’était le 22 décembre 2023, je venais de passer la nuit du solstice d’hiver dans une cabane au fond des bois et j’ai senti qu’avec le retour de la Lumière, je remontais moi aussi tout doucement la pente…

Solstice Solstice 2

Bien sûr, je n’ai pas retrouvé mon énergie d’un seul coup, je me suis sentie en convalescence encore pendant quelques semaines. Mais déjà, je pouvais faire le décompte de tous les cadeaux que m’avait apporté cette expérience tellement intense :

  • J’ai pacifié les liens avec mes proches, en étant enfin totalement authentique et vulnérable avec eux
  • J’ai arrêté de vouloir « changer le monde », ce qui me mettait une pression énorme et me donnait un sentiment permanent d’impuissance et de découragement. Je me contente désormais de semer une petite graine chaque jour, et c’est déjà très bien !
  • J’assume désormais pleinement qu’une partie de mon énergie peut se détacher de mes activités « lucratives » (Amaranthe) pour se donner pleinement à ce qui nourrit mon âme : cercles de femmes, activités pour les futurs-pèlerins de Compostelle (et d’autres chemins…).

Renaissance après la dépression

Ce 15 janvier 2024, mon amie Martine, celle qui m’a tendu la main et apporté à manger quand j’étais au plus mal, est décédée de façon brutale. Paradoxalement, ce contact avec une profonde tristesse m’a également reconnectée à l’intensité de la joie. Joie d’être en vie chaque matin, tout simplement. Peu avant Noël, Martine m’avait fait promettre de profiter de la vie, de profiter de chaque instant. Et c’est ce que je vais faire maintenant ! Rendez-vous pour un prochain pot du pèlerin ou d’autres rencontres !

Merci de m’avoir lue, et d’accepter de me voir dans toute ma vulnérabilité.

« Si il n’y avait pas ta faiblesse, par où pourrais-je rentrer ? » – Saint Paul

Partagez cet article !
Cet article vous a plu ? Partagez-le sur Facebook ou sur Twitter ou laissez-moi un commentaire !