J’avais envie de vous raconter la belle histoire qui m’est arrivée ce dimanche sur le Camino Vasco Interior, entre Hernani et Andoain.

Le temps se couvrait de plus en plus depuis Hernani, et les prévisions météo (que j’avais eu la mauvaise idée de consulter sur mon téléphone) indiquaient « 100% de probabilité de pluie ». Par chance, jusque lá, j’étais protégée par les arbres et les averses restaient clairsemées.

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Puis tout à coup, traversant la zone industrielle d’Urnieta, ce fut le déluge. Aucun abri à proximité, sauf une grosse bâtisse en surplomb du chemin. Je monte les escaliers quatre à quatre et me voici à l’abri dans une sorte de garage, de ce qui me semble être une cidrerie. L’endroit est providentiel, avec une table, des chaises et même une jolie vue sur la campagne environnante (abstraction faite des entrepots en contrebas). Il pleut si fort qu’un rat vient même se réfugier près de moi, heureusement pas trop longtemps…

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Je déballe un bout de pain que je tartine à la crème de piment d’Espelette et je commence à rédiger mon « diario », quand une porte dérobée s’ouvre derrière moi. J’aperçois de gros tonneaux de cidre et des tables de bois. Craignant de me faire mettre á la porte, je demande timidement la permission de rester lá. « ¡ Eres une peregrina ! », s’exclame le jeune homme sorti de nulle part. Il me prie d’entrer me mettre au chaud plutôt que d’attendre dehors que la pluie cesse.

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Je découvre un endroit comme je les aime : une sorte de taverne oú les familles du coin viennent le dimanche déguster des spécialités locales dans une ambiance bon enfant. Le patron de la cidrerie s’appelle Juan José. Il m’explique que la cidrerie existe depuis 21 ans. « Auparavant, on avait des vaches, mais les industries sont venues et on n’avait plus de terres. Alors on s’est reconverti dans le cidre, puis on a investi petit á petit dans le restaurant. »

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Je lui demande si je peux boire un cidre, et il m’entraine, ravi, vers les futs. Il me tend un verre, ouvre un robinet : un jet de cidre se projette á presque un mètre. Il faut bien viser pour remplir son verre. Juan José vide le sien cul sec !

Il me fait asseoir á une table : « il faut manger, pèlerine ! ». Il m’amène une « tortilla de bacalao » délicieuse, juteuse, juste poëlée par ses soins : une vraie omelette, pas ces petits triangles de tortilla tout secs que l’on sert en « pinchos » dans les bars. Et une grande baguette de bon pain frais. Je n’ai absolument plus faim, mais il vient s’installer á ma table, amenant du cidre, une assiette de fromage, des noix, une nouvelle bouteille de cidre, un café…

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Nous passons un moment magnifique á bavarder (quelle chance de parler espagnol !)… de la création de la Belgique á la défense de la langue basque, des motivations d’un entrepreneur et de celles d’un pèlerin. Je le vois très ému quand je lui raconte ce qui m’a poussée sur le chemin depuis 2008. Un vrai échange fraternel, et une incroyable générosité que je n’imaginais pas trouver sur les chemins en Espagne.

Quand je lui parle de ma crainte de la foule des pèlerins, Juan José me dit que toutes les personnes qui partent sur le chemin ont des histoires particulières, et sont des presonnes exceptionnelles. Une belle phrase que je ne suis pas près d’oublier, tout comme ce magnifique accueil á la cidrerie d’Oianume.

Je suis repartie le coeur rempli de tant de bonté et, second miracle, la pluie (toujours prévue á 100%) s’est arrêtée jusqu’á mon arrivée au village d’Andoain, mon étape du jour.

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