« Mais bon sang, pourquoi vous ne vous payez pas un gîte comme tout le monde ?!!! ». Marc, qui logeait tous les soirs à l’hôtel, venait de rejoindre un groupe attablé devant le gîte d’Espeyrac (complet). Je ne lui ai pas répondu… mais lorsque 9 coups ont retenti à l’horloge de l’église, je me suis levée, saluant la compagnie médusée. « Mais enfin, tu vas dormir où ??? ». Je n’en avais aucune idée, mais il me restait une demi heure avant la nuit, juste assez pour laisser faire la Providence et trouver un « hôtel mille étoiles » correspondant à mes standards…

Eh oui, contrairement aux idées reçues, si je loge « à la fraîche », c’est parce que j’ai des exigences bien trop élevées pour me contenter d’un gîte ou même d’un hôtel.

Il me faut :

– Le silence (oiseaux de nuit, crapauds et grillons exceptés)
– De l’air en grande quantité
– La lumière dès l’aube

Ceci exclut de facto tout dortoir, a fortiori avec les volets clos comme cela arrive parfois, même en été !

 
Marion et moi dans les chibottes, 5 km après le Puy-en-Velay

Mes critères de choix d’un logement « belle étoile » :

– Un toit et si possible deux murs pour être à l’abri du vent, de la pluie et de la rosée
– Un sol mou, pas trop poussiéreux ni boueux
– Une ouverture côté ouest pour profiter du coucher du soleil et éviter les rayons directs, parfois trop chauds dans le duvet, au petit jour.
– Un point d’eau (fontaine, ruisseau,…) est un plus
– Un endroit discret, où l’on ne viendra pas m’embêter car on ne me voit tout simplement pas
– Maximum 4 kilomètres à faire le matin avant de trouver un café (bien utile pour se réveiller). L’idéal est 2 km avant une ville.

A prévoir si l’aventure vous tente :

– Matelas gonflable ultra-léger (genre Thermarest)
– Un duvet BIEN chaud (prévu pour aller jusque – 2°C) et bien sûr ultra-léger (le duvet d’oie Millet est certes cher mais son prix est très vite amorti et les plumes sont tellement agréables, qu’il fasse chaud ou froid)
– Mini-oreiller (je tiens à mon petit confort !)
– Le poncho peut servir de couvre-sol si celui-ci est humide ou trop sale
– Un drap de soie, surtout pour mettre le duvet dedans et le protéger de la poussière ou de la forte rosée
– Une réserve d’eau (1,5 litres) à boire la nuit et le matin et pour faire un brin de toilette (au gant de toilette, on peut se laver avec un seul verre d’eau !)
– Bougie et quelques allumettes (se fournir dans les chapelles moyennant quelques piécettes)
– Le top : un compagnon (une compagne) de voyage et une bonne bouteille de vin, mais la solitude ne m’a jamais pesé en pleine nature.

– La tente me semble inutile et surtout fort lourde. Le réchaud est également absent, il suffit de bien calculer pour boire un café chaud après maximum une heure de marche le matin.


Mon équipement de camping sauvage… et tout ça rentre dans un sac de 28 litres, si si !

Le lâcher-prise, une des meilleures leçons du chemin.

« Tu as réservé ? », « Tu dors où ? »,… Sur le chemin du Puy, beaucoup de pèlerins ont besoin d’être rassurés quant à leur couchage du jour, voire du lendemain. Pour moi, c’est tout le contraire : réserver ou même prévoir un logement me coupe de la Providence et m’empêche de vivre pleinement le moment présent. Je ne marche jamais si bien que lorsque je ne sais pas où je m’arrêterai le soir, et que personne ne m’attend. Alors seulement, je me sens totalement libre, et paradoxalement en confiance… Jamais je n’ai passé la nuit sous la pluie ou sans dormir !

Bon, soyons honnêtes, je marche le plus souvent en été et je ne dors dehors que lorsqu’il fait beau.

Mes motivations… pour la belle étoile

Pour répondre à notre ami Marc, pourquoi est-ce que je préfère mille fois une nuit à la belle étoile à une nuit dans un gîte, voire même dans un hôtel ?

– Pour me faire passer pour une femme sauvage et originale ? Peut-être un peu…
– Par réaction face aux pèlerins stressés qui réservent tout à l’avance et qui parfois vous refilent leurs peurs ? Oui, aussi…
– Par goût de l’aventure et des surprises : certainement !
– Pour rester en immersion complète dans la nature
– Pour le plaisir d’écouter son MP3, couché dans l’herbe, en contemplant la lune
– Pour l’immense plénitude ressentie en regardant les étoile depuis son lit
– Pour éviter le couvre-feu obligatoire au refuge
– Parce que, de toutes façons, la majorité des gîtes sont complets (et mon GSM est déchargé, bonne excuse pour ne pas réserver)
– Parce qu’on dort bien mieux tout seul que dans un dortoir bondé et mal aéré !!!

Mais voyez plutôt de vos yeux ces hébergements « mille étoiles » qui feront pâlir d’envie le plus casanier d’entre vous…

 


Squat d’une confortable cabane de chasse près des Abrets


Squat à l’hôpital de Saint Alban sur Limagnole

 
Super nuit sur la paille dans l’écurie de Gérard à Saugues

 
Nuit dans une chapelle après Aumont-Aubrac

 
Squat d’une cabane de ski de fond au Mont Meygal (1270 m) – Observatoire à oiseaux le long du Rhône, 5 km après Seyssel

 
Première nuit sans toit : un peu dur… et la deuxième sera très humide. Mais après, on s’habitue… et on se sèche au soleil !


Four à pain à Eynac, dans le Velay volcanique

 
Hamac ou bender (genre de yourte en noisetier) ? Vous aurez le choix à la maison Viala (Espeyrac)

A lire aussi : Mes étapes « belle étoile » sur le Camino Frances

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