« Il n’y a pas que le premier pas qui coûte, il y a le dernier. Accepter la fin du voyage est la tâche la plus rude. Le rêve s’évanouit quand il se réalise. »
– Luc Adrian dans « Compostelle, carnet de route d’un pèlerin »
L’arrivée à Santiago implique de faire le deuil du chemin, sans brûler les étapes, à moins de vivre dans une nostalgie permanente d’y revenir. Je conseille vivement de prévoir 3 jours pour « atterrir » et vivre à fond cette arrivée avant de reprendre la route, soit vers le Finisterre, soit vers chez soi.
Trois jours !!!
Rassurez-vous, vous ne verrez pas le temps passer durant ces 3 journées… A Santiago, on ne cesse d’accueillir de nouveaux pèlerins, de célébrer les retrouvailles, de parcourir la cathédrale et ses multiples recoins, de passer de concerts à prières, dans une belle allégresse collective.
Quelques rituels concrets clôturent le chemin du pèlerin : demander sa Compostella, toucher (de loin) le portique de la gloire, se recueillir devant le tombeau et embrasser le buste de Saint Jacques à la cathédrale, assister à la messe des pèlerins…
Mais surtout, il s’opère en nous une lente transformation, passant par plusieurs stades successifs, qui permettent de faire le deuil du chemin et de démarrer un autre chemin, celui du retour dans la vie de tous les jours.
L’émotion
Qu’elle se passe discrètement par un matin pluvieux ou dans la liesse collective, l’arrivée sur la Praza do Obradeiro procure une intense émotion.
Personnellement, je n’ai ressenti à ce moment ni grande joie ni grande tristesse (j’ai quand même versé quelques larmes durant les derniers kilomètres). Plutôt une grande paix intérieure et le sentiment d’être là où j’avais promis d’aller, voici 7 ans, devant la statue de la Vierge au Puy-en-Velay.
La nostalgie
Dans la file de pèlerins attendant leur Compostela, le chemin me manquait déjà. « Ai-je vraiment profité de chaque instant ? Pourquoi m’être tant hâtée vers Santiago ? Et si je repartais tout de suite vers Fisterra ? ».
Cette étape est normale et la fuite vers Fisterra ne fera que repousser le moment où il faut réaliser que le chemin a une fin.
L’acceptation
À peine arrivée à Santiago, les douleurs physiques qui avaient disparu sur le chemin sont revenues, accompagnées d’une grande fatigue.
Pendant 2 jours, je me suis sentie incapable d’aller plus loin que de ma chambre à la cathédrale, comme si mon corps me disait « prends ton temps, ne repars pas trop vite ».
Ce temps m’a permis de réaliser que, oui, j’étais bien arrivée à Santiago, le but de mon long voyage intérieur et pédestre.
La joie et la gratitude
À moins d’arriver en groupe et d’être emporté par la liesse collective, la joie est un sentiment qui met du temps à venir.
Ce n’est que le lendemain de mon arrivée, lorsque j’ai été invitée à déjeuner au Parador de los Reyes Católicos, que j’ai pu laisser exploser mon allégresse et cette immense gratitude pour Celui et pour tous ceux qui m’avaient permis d’accomplir ce chemin.
Participer à la grand messe dans la cathédrale, avec le balancement du butafumeiro (presque tous les jours en été) peut aussi être un premier moment de grande joie pour les pèlerins.
Le détachement
Après l’émotion, la tristesse, l’arrivée et la joie, vient pour le pèlerin une phase de détachement, qui permet de quitter sereinement le chemin.
Cela peut se matérialiser dans le fait que les compagnons de route cessent d’arriver ou repartent, dans la fin des finances (la vie coûte cher à Santiago !), dans la fin des vacances que l’on s’était fixées…
Le chemin du retour
Il est essentiel de ne pas oublier cette phase de « reconstruction » qui permettra de repartir serein vers son quotidien.
- Comment on peut rendre concrets les apprentissages et les cadeaux du chemin dans sa vie de tous les jours ? À ce sujet, je vous invite à méditer la prière de Fraydino.
- Quels changements se sont opérés en nous ?
- Quels changements (petits ou grands) va-t’on vivre dans sa vie ?
- Quels projets concrets va-t’on démarrer après le chemin ?
Cette phase peut se vivre dans la prière, dans la méditation silencieuse, en écrivant son journal de bord dans un café de Santiago… On peut aussi participer à un échange entre pèlerins (à la cathédrale) ou à une retraite spirituelle (connaissez-vous The Little Fox House ?). Ou encore prendre le chemin du Finistère en réfléchissant à son chemin.
Et vous ?
Et vous, comment avez-vous vécu l’arrivée au bout de votre chemin ? Avez-vous également traversé ces différents stades de « deuil du chemin » ?
Ahhh perso ces derniers pas furent un grand soulagement pour moi car pendant 3 semaines ,j’ai marché avec d’importantes douleurs aux pieds ,tenu avec le mental et suis arrivée jusqu’à la mer comme je le souhaitais
Comme l’Alpha et l’Omega,
Le début et la fin.
Nous laissons notre vieille peau à Santiago et nous repartons « plus lumineux » ….dans notre coeur.
Et c’est à Santiago que le chemin prend son sens veritable: L’Amour avec un grand A .
Cet Amour qui est présent partout, a travers les rencontres que nous faisons sur le camino( où bien dans la cathédrale )
Les sourires, les partages etc et surtout cet Amour qui est en Nous!!
Une révélation intérieure!
Le chemin commence à nouveau au retour chez nous , dans nos vies de tous les jours.
Voilà ce que j en pense.
Bisous
pourquoi le deuil,
non une autre vie qui commence, débute …
la vie c’est beau !
Ce n’est pas la fin du Camino que j’ai trouvé difficile mais le retour à la maison. Après avoir vécu ce moment intense le retour au bercail fut pénible, alors que nous voulons raconté ce que nous avons vécu à notre entourage et amis on se rend rapidement compte (d’autres pèlerins m’en ont aussi fait part) qu’il y a une certaine indifférence autour de nous. Tout le monde est trop pressé par la vie. C’est alors qu’il devient évident que le Camino est une affaire très personnelle et que notre vécu reste en nous et nous marquera pour la vie.
Ca fait un an que je cherche d’autres étoiles à suivre ….
En effet, je me suis demandée ce que j’allais faire après. une autre voie ?
Mais j’avais pris beaucoup de décisions sur le chemin, et cela m’a ouvert de sperspectives : déménager, vendre ma maison, avec les sous m’offrir un roadtrip aux USA avec mes fils. J’en reviens. On a beaucoup marché ensemble, dans le grand ouest, le désert, les canyons. J’avais mon matériel pour St Jacques, ça m’a fait drôle et c’était super.
Je ne me serais pas lancée dans tout cela si j’avais pas fait ce premier chemin.
Bon j’étais bien inquiet et j’appréhendais cette « fin » de Chemin que j’espère atteindre l’an prochain.
A lire tous ces témoignages qui ne viennent pas d’un livre, je me sens bien soulagé et surtout rassuré.
Ce bout du chemin est bel et bien un nouveau début comme je le pensais et l’espérais.
Merci beaucoup
Le ressenti de la fin est il perçu différemment entre le pèlerin qui réalise son chemin par étape d’années en années de celui qui le réalise d’un seul jet?
Je projette de le réaliser à la retraite.
J’ai fait ce pélerinage en 1978, à pied depuis la Hollande. Il y avait peu de pélerins, alors. Au retour, c’était le Grand Changement que je voulais opérer dans ma vie (devenir prêtre) mais ce qu l’on croit voir et vivre en chemin s’évapore dans la pratique politique, émotionnelle etc.. En chemin, on est dans une bulle et loin des (de ses propres) réalités.
Mais… l’assurance d’avoir vécu profondément ma vie, cela ne disparaîtra jamais. Saint Jacques m’a donné tout le courage de (sur)vivre, depuis !
Cette année, pensionné, je repars… à vélo.
Cher Paul, Je vous souhaite un très beau chemin à vélo ! Si vous passez par la Belgique, bienvenue chez nous !
Arriver à Santiago 2tait terrible après 80 jours de marche mais le lendemain avec tous le courage qui me restait je suis parti vers Finister mais après 7 km Santiago ,la ville que je voulait voir n’était plus mon but, je me suis retourné et je suis revenu jusqu’à la Playa Major pour faire une prière et suis arrivé 2 jours aCee pour rentrés sur la plage de Finister au levé du soleil et de ramassé ma coquille, petites mais merveilleuse ce jour là j’ai continué vers Muxia et me reposer quelques jours du périples Adio